A (french) ride in #007
by Sebastien Poinas from Sellerie'Cimes
"3 semaines que mon ostéopathe me conseille de me détendre et d’éviter les gestes brusques. Et malgré mes efforts, ma douleur dans le dos continue de me faire atrocement souffrir ! Mes nuits sont très courtes et j’ai bien du mal à trouver le sommeil… Cette nuit là, je me tourne et me retourne. La douleur a quitté mes pensées pour laisser place à un rêve que je ressasse depuis quelques jours. Bien éveillé, j’imagine une McLaren F1 noire qui me brutalise sur chacun de ses 6 rapports… Le hurlement de son V12 dans mon dos me fait frissonner et le décor extérieur se dématérialise au fur et à mesure que les vitesses s’enchainent ! Et je finis enfin par m’endormir.
Au petit matin je suis sur le qui-vive. Ma sacoche d’appareil photo est
prête, mes batteries sont chargées, et mes cartes mémoires
vidées.
Le temps de m’enfiler un petit encas et je prends la route en direction
d’un rendez-vous qui changera à jamais ma vie de passionné !
Je ne pense plus, je ne réfléchis plus. Pour ne pas être
déçu
je pars du principe que seul compte le moment passé avec l’homme.
Et quel homme ! Un Gentleman passionné ! Il est de ceux qui partagent
sans dissimuler leur plaisir de faire plaisir. Ceux à qui l’on
ne demande rien mais qui donnent en sachant ce que cela représente.
Ce rêve que je faisais… Il est là !
Du haut de ses 1m 14, sa face avant très courte et son capot arrière
qui laisse échapper quelques remous de forte chaleur, la McLaren F1
effectue une manœuvre pour venir s’immobiliser à quelques
mètres
de moi ! Ses portes en élytres se lèvent, la vie semble soudain
s’arrêter…
Le temps de serrer la main de Sir Kidston et de son passager, de faire un
rapide tour du propriétaire, et une phrase accompagnée d’un
sourire « Bon
Sébastien, on va faire un tour ? ». En moins de temps qu’il
n’en faut pour le dire, je me retrouve étreint
dans le baquet de droite. Mon bras se tend et ma main saisit la poignée
de porte qui se referme sans bruit.
L’intérieur est d’une propreté immaculée
! L’odeur
du cuir me rappel mon petit atelier de sellier. Et soudain l’auto
s’ébranle. Le son rauque du V12 atmosphérique dans
mon dos me fait frissonner. J’attrape
ma ceinture, je la boucle, et c’est parti. La 1ère ligne droite
me saute à la figure ! La pédale
d’accélérateur
n’est pourtant pas au fond de sa course et la montée en régime
reste raisonnable. Nous enchaînons un rond point et une seconde ligne
droite se profile… Immédiatement je sens que cette fois-ci
c’est
la bonne ! L’aiguille de compte tour s’envole, mon corps s’écrase
dans le siège et voilà que je me retrouve à sentir
chaque centimètre de mousse qui s’enfonce… A un tel
point que je finis par me demander si je ne suis pas en train de commencer à m’enfoncer
dans la coque en carbone ! Mon dos me fait mal… La douleur me tiraille
! Mais qu’est-ce que
c’est bon ! Je sens mes muscles qui se tendent et qui essaient de
résister à la
poussée phénoménale de l’accélération
! Ce n’est pas une auto, c’est une catapulte ! Les échappements
hurlent, le son se répercute dans l’habitacle,
et les 627cv de la bête s’expriment à même l’asphalte
via les roues arrière chaussées en 315 de large.
Les rapports s’enchaînent et très vite il faut freiner pour
anticiper les réactions de certains autres usagers de la route.
Le freinage est mordant. Mon corps est propulsé vers l’avant et
la ceinture se tend. Incroyable ! Le temps de cette action j’ai perdu tous
repères visuels et temporels…
Pendant très exactement 11 minutes nous allons emprunter de petites
routes de la campagne Suisse. L’auto semble somme toute assez agréable à conduire.
Elle se faufile assez aisément dans les petites ruelles, franchit
les ralentisseurs avec précautions, et même en 6ème à basse
vitesse elle repart sans difficultés !
Sur notre passage les sourires sont légion ! Les badauds se retournent.
Certains semblent savoir à quoi ils ont à faire. Il y a des expressions
de visages très expressives qui me persuadent que ce conducteur dans sa
Porsche 997 ou ce promeneur, ont reconnus la Supercar. Voir une F1 sur route
ouverte doit sans aucun doute être un moment unique ! Pour ma part je ne
réalise pas encore ma chance… Je suis dans le cockpit…
Et très vite, voilà que tout s’arrête.
L’auto s’immobilise, le conducteur ouvre ma porte et coupe le
moteur. It was just AMAZING !
Je remercie Sir Kidston. … et je le remercie encore !
J’en suis presque mal à l’aise… Je ne sais pas si mes
remerciements sont à la hauteur de ce moment qu’il m’a offert…
Je sais qu’il n’attend rien au retour. Pour lui, seul semble compter
ce moment de partage. Le sourire sur mon visage est peut-être suffisant.
De mon côté, j’ai pour idée que nous (photographes
et passionnés) sommes les archives de demain. Que nos récits et
nos photos d’aujourd’hui écrivent les histoires futures. Et
mes petits articles sans prétentions sont peut-être le meilleur
moyen de remercier ces personnes comme Sir Kidston.
Je remercie également Patrick qui a vécu ce moment à mes
côtés, Philippe qui m’a permis de vivre tout cela, et
Erik qui a contribué à arranger la rencontre"
Many thanks to Simon, Erik, Patrik & Sebastien